« C’est en taillant la pierre que l’on découvre l’esprit de la matière, sa propre mesure. La main pense et unit la pensée à la matière. C’est l’acte même du sculpteur face à un matériau dont la connaissance ne s’apprend que lentement, et réserve toujours un inattendu qu’il faudra résoudre sans pouvoir jamais rien ajouter, par seul retranchement. Il faut tailler et non blesser la pierre, trouver la solution devant l’apparition d’une veine ou d’une tache non prévue : il faut savoir lutter avec la pierre, la caresser, la polir, savoir avec angoisse comme avec joie, faire surgir la forme que l’on porte en soi, mais qu’elle peut aussi nous avoir inspiré selon sa texture, la forme même du bloc que l’on a choisi ou trouvé. »
Constantin Brancusi
Entre Udaïpur et Jodhpur se découvre un merveilleux bijou de marbre blanc sur 3 étages, un des plus grands et des plus importants temples jaïns d’Inde. ( 15 ème ) Il est d’une exceptionnelle beauté. Tant par ses proportions, que par sa blancheur, que par le minutieux travail de ciselage et le foisonnement des sculptures qui deviennent dentelles de pierre ou poèmes.
L’architecture répond à des lois cosmiques précises. Tout est réglé en fonction du mandala,(Sorte de diagramme idéal représentant toutes les puissances universelles.)
Et la sculpture ornementale fait partie intégrante de l’architecture basée sur la forme de Chaturmukha (4 faces). Une architecture complexe avec balcons à plusieurs étages et porches
Il est construit sur une cave, ce qui est rare, et ses 4 cotés sont ouverts avec des entrées aux 4 points cardinaux.
La lumière naturelle est omniprésente dans tout le temple. Je crois qu’il n’y a qu’un seul lustre.
Un endroit paisible où personne ne vous harcèle. Une énergie spirituelle vous y enveloppe et incite à la méditation. (Il aurait fallu y rester une nuit et une journée de plus.)
Ce temple tout de beauté, de pureté et de grâce est situé dans un vallon perdu au milieu de nulle part. La route pour y accéder est longue et inconfortable. Il se mérite tout simplement. Mon émotion me rappelle Angkor Vat ou la Plaine de Pagan en Birmanie.
Sa splendeur m’a littéralement coupé le souffle. En entrant, j’ai poussé un gros waouh sidérant.
On peut aisément se promener durant 3ou 4 heures sans s’ennuyer dans cet édifice regorgeant de coupoles, des dômes et des tourelles.
Tout en essayant de saisir le langage des sculpteurs, j’ai vite oublié la notion du temps et l’espace, émerveillée par toute cette magnificence qui m’entoure.
Je ne me lasse pas du spectacle des nymphes qui jouent de la flûte dans différentes postures de danse, et des éléphants sculptés ou en bas-relief.
A l’intérieur, une forêt de 1444 piliers finement sculptés qui soutiennent le toit, chacun est unique dans sa conception. Il n’y a pas 2 piliers semblables.
Le marbre filtre la lumière. Il passe du blanc au gris ou à l’or selon les reflets du soleil. Les rouges et safrans des robes des moines jaïns ou des prêtres faisant des offrandes qui passent entre les piliers ressemblent à une danse. Un agréable contraste dans cet espace lumineux et aéré. On se promène entre les fumées d’encens et les offrandes de noix de coco. On veille à ne pas déranger les indiens qui viennent prier avec ferveur.
Il a été rénové entre 1990 et 2001.
Le résultat en fait l’un des édifices religieux les plus agréables de l’Inde. Le temple est encore actif et les visiteurs sont les bienvenus. Mais selon le principe jaïn de l’ahimsa (non-violence à toutes les choses) ils sont priés de ne pas apporter de cuir dans le temple, ni de nourriture ou d’eau.
Le jaïnisme est une philosophie et une religion pratiquée par 3 millions de personnes, essentiellement en Inde.
Oui, ce haut-lieu du jaïnisme indien m’a fascinée. Il est émouvant de beauté et de raffinement, comme presque tous les temples jaïns. Il m’a touchée, bien plus que le Taj-Mahal.
Un moment de béatitude et d’extase.
Une visite captivante, même si je suis ignare face à tous ces symboles.
Je suis une cloche!