Manufacture royale de Villeneuvette dans l’Hérault

Une ancienne manufacture royale de draps construite sous Louis XIV et Colbert, en 1671.

Elle est  en très bon état avec une belle unité classique du 17 ème.

Le volontarisme économique du colbertisme gérait ce remarquable village-usine.

Ils exportaient leurs draps au proche Orient. L’empire ottoman adorait cette qualité de tissu.

Le port de Sète et le canal du midi naissaient à la même époque et favorisaient l’exportation de leur production.

L’eau de la Dourbie alimentait le système d’irrigation jusqu’aux bassins.

Les ouvriers tisserands et leur famille vivaient en communauté dans cette cité drapière selon des règles strictes dictées par le patron protectionniste.

Ils ne payaient pas de loyer, pouvaient jardiner (s’ils en avaient encore la force), achetaient la nourriture bon marché ( système l’économat ), et bénéficiaient d’un principe de sécurité sociale.

Les portes se fermaient dès la tombée de la nuit. On se couchait tôt et on se levait tôt au son du roulement du tambour.

Des draps fins, de couleurs vives et variées, y étaient tissés en laine mérinos espagnole. Ils étaient de grande qualité. Le métier à tisser était installé au rez-de-chaussée de chaque maison, et l’appartement se trouvait à l’étage.

Dans cette cité drapière la besogne était rude. Les femmes travaillaient, et les enfants aussi dès leurs 12 ans.

C’était la plus belle et la plus florissante manufacture de la région pendant 2 siècles.

Un modèle industriel, mais aussi économique et social.

L’Etat a apporté son soutien à la manufacture pour qu’elle obtienne un savoir-faire compétitif capable de concurrencer la production hollandaise et anglaise.

Une aventure industrielle originale qui vivait en autarcie, avec médecin, instituteur, épicier, menuisier…

Au début du XIXème siècle, on comptabilisait 800 ouvriers des environs de Villeneuvette qui y travaillaient, dont 200 vivaient sur place.

Elle fut abandonnée en 1954.

Actuellement les anciens logements des ouvriers sont partiellement habités par des artistes et artisans d’art. Un endroit original au caractère paisible et de belles maisons réhabilitées avec soin. Ce qui est étonnant c’est qu’ici les portes et fenêtres sont peintes en vert et non en bleu

Devant chacune d’elles un tas de bois.

 

Sûrement des petits havres de paix pour ceux qui y habitent, et un agréable moment pour les promeneurs qui flânent sous les platanes centenaires dans des ruelles pavées.

Nous n’avons croisé personne, pas de  boutique ouverte, même pas un endroit pour se désaltérer à l’ombre d’un platane. Un village fantôme sans enfants qui jouent, sans chiens qui aboient.

Des vestiges de l’usine et des ateliers trônent encore au milieu de la végétation et des friches.

On peut aisément s’imaginer l’activité intense qui régnait dans cette petite ville protégée par des hauts murs d’enceinte.

Ouvriers esclaves ou ouvriers libres et heureux?

That is the question…

Un proverbe corse dit que le zèle a tué plus d’hommes que la paresse…

En attendant je m’assieds sur la souche et je paresse, et je profite pleinement de ce moment d’oisiveté,  avec bonne conscience,  et je savoure tout simplement ma liberté.