J’ai croisé des hommes en marche. J’ai croisé la pauvreté.
La pauvreté est un choc terrible qui nous poursuit longtemps après notre retour. Et un vague sentiment de culpabilité aussi…
C’est vrai qu’on ne revient pas indemne d’Inde.
On le dit, on le sait, on croit être préparé…
45% des indiens ont moins d’un dollar par jour pour vivre…
Les nantis ont un salaire moyen de 100 Dollars.
Les pauvres n’ont pas accès aux soins médicaux. Et pas de Sécu dans le pays…Ni retraite évidemment…
La pauvreté, l’illettrisme, la faim et la malnutrition existent bel et bien derrière cette population souriante et élégante.
Ce n’est pas qu’une question de manque de revenus, mais souvent une question de statut social, lié aux castes.
J’ai croisé des hommes dans les temples.
J’ai croisé des hommes assis.
La mendicité est une institution dans ce pays. Ils n’ont pas le choix. Sauf les Sâdhus pour qui c’est un mode de vie, ils renoncent à toute possession et ne se nourrissent que des dons des passants.
Les pauvres, les orphelins, les malades, les chômeurs, les enfants, les vieillards, tous sont concernés. C’est une réalité qui n’est pas forcément évidente. Mais il suffit de prendre exemple sur les indiens qui sont souvent généreux, même s’ils sont pauvres. Les mains se tendent mais d’autres savent aussi donner. Je pense que c’est une question de foi et de karma pour eux. Et un bel exemple pour nous occidentaux « riches » où les institutions vous disent qu’ils n’y a pas de nécessiteux dans votre commune…
Il est difficile de savoir quoi donner, quelle somme, 5 roupies ou 1 dollar, donner aux enfants ou pas pour ne pas les inciter à mendier au lieu d’aller à l’école…
Donner à boire, à manger, des médicaments, des cahiers et des crayons de couleurs, des habits, des jouets…ou passer en jouant à l’autruche…
Je crois qu’il n’y a pas de réponse type. C’est un histoire de feeling au jour le jour.
Mais ici on a rarement un regard aussi profond ou une ébauche de sourire qui laisse deviner un peu de bonheur et de soulagement lorsqu’on a tout simplement été humain.
Dans cette grisaille actuelle , après les images chocs, j’ai envie de partager les moments forts des sourires et des rires d’hommes.